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Le mot Ashtanga vous dit quelque chose ? Vous avez peut-être pris des cours de Ashtanga Yoga, une forme dynamique dérivée du Hatha Yoga développée par Sri.K. Patthabi Jois. Aujourd’hui, ce n’est pas de pratique corporelle dont nous allons parler, mais du système philosophique qui régit l’ensemble du yoga.

 

Pour mieux comprendre en quoi c’est important, il faut se rappeler du but du yoga : apporter l’union intérieure, l’harmonie afin d’atteindre la réalisation de Soi.

 

  • Comment avec tout ce bruit mental et ce corps tendu pouvons-nous écouter la voix de l’intérieur, la voix du silence ?
  • Comment répondre à la question que nous nous posons tous en silence « Qui suis-je ? » si nous sommes pris dans l’engrenage de la vie?

 

 

Pourquoi le système Ashtanga ?

 

Le système Ashtanga est né afin de permettre à l’aspirant de se connecter toujours plus en profondeur de son Être vrai, de qui il Est. Comprendre et appliquer cette philosophie de vie permet d’approfondir sa propre pratique des asanas (postures) et d’apaiser le mental pour y parvenir.

 

Si vous avez lu l’article sur les Yoga Sutras de Patanjali, vous vous souviendrez de l’intention initiale : « Yoga citta vritti nirodha ». Cela signifie « Le yoga est la cessation des mouvements du mental ». Tout comme un lac calme au milieu des montagnes permet une réflexion parfaite des sommets et reliefs, un mental stable et tranquille sont les conditions pour une vision juste et véritable de ce qui Est.

 

Le mot Ashtanga vient de deux mots sanskrit ; asta : huit et anga : membres. Donc, comme son nom l’indique Ashtanga repose sur 8 membres, huit principes fondamentaux.

 

Alors sans plus tarder, commençons !

 

 

Les 8 principes de base

Je vous les énumère ici, et ils seront développés un à un dans la suite de l’article. Ils sont présentés dans cet ordre :

 

  1. Yama : conduite dans la société
  2. Niyama : discipline personnelle
  3. Asana : la pratique des postures
  4. Pranayama : travail sur le souffle
  5. Pratyahara :rétractation des sens
  6. Dharana : concentration
  7. Dhyana : méditation
  8. Samadhi : réalisation de Soi

 

1. Yama : conduite dans la société

 

Les Yamas sont donc des règles de vie en société qui permettent de rester en harmonie avec ses semblables et la société. Elles consistent à entraîner nos actions, notre parole et nos pensées envers le monde extérieur et plus particulièrement envers autrui.

 

Les 5 Yamas : observances morales envers les autres

 

  • Ahimsa – la non violence
  • Satya – la vérité
  • Asteya – ne pas mentir
  • Brahmacharya – contrôle des sens et de la sensualité
  • Aparigraha – la non possessivité, éviter l’avidité

 

… Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Dans beaucoup de traditions nous retrouvons ces règles de vie. Elles ont l’air mignonettes, voire niaises écrites ainsi, et pourtant quel pouvoir elles ont d’apporter la paix intérieure.

 

Pratique

 

Je vous propose de choisir un des points qui vous a le plus marqué. Par exemple, si vous avez la tendance colérique, vous pouvez prendre « Ahimsa » et explorer ce concept dans notre vie. Demandez-vous :

 

  • En quoi suis-je violente envers moi-même ou les autres ?
  • Comment est-ce que cela s’exprime ?
  • Comment je me sens ensuite ? …

 

Dans peu de temps, je développerai plus en profondeur les Yamas.

 

2. Niyama : discipline personnelle

 

Les Niyamas sont des observances personnelles permettant d’améliorer la relation avec soi-même. Vous est-il arrivé de penser « Je suis nulle. Je suis bête,… » Comment vous sentez-vous après cela ? Les Niyamas sont un ensemble d’actions pour prendre soin de soi.

 

 Les 5 Niyama : règles de vie par rapport à soi-même

  • Saucha : purifier le corps et l’esprit
  • Santosha : cultiver l’attitude de contentement
  • Tapas : entraîner les sens
  • Svadhyaya : l’étude, l’exploration de Soi
  • Ishwarapranidhana : le lâcher prise dans sa propre spiritualité

 

Les Niyamas aussi feront l’objet d’un article plus développé.

 

Yamas et Niyama, le socle sain de vie.

 

Les Yamas et Niyamas sont les fondations pour la pratique des asanas. Souvenez-vous, une asana nécessite l’immobilité du corps, la constance du souffle ET la présence. Comment vivre pleinement chaque mouvement si par exemple vous avez menti ? Comment pouvez-vous rester concentré sur votre posture ? Naturellement, votre mental ira divaguer ici et là à essayer de justifier votre acte ou créer des scènes d’excuses… Les yamas et niyamas sont les racines et le tronc de l’arbre comme le présente B.K.S Iyengar dans son livre « L’arbre du yoga ».

 

Vous voyez bien que seules les Yamas et Niyamas peuvent vous apporter la maîtrise du mental nécessaire pour avoir l’esprit disposé à méditer. En intégrant ces principes de vie, vous pouvez apaiser votre monde intérieur au lieu d’être dispersé et baladé dans les histoires du mental. Car vous ne lui donnerez pas de pain pour le nourrir. D’ailleurs, le sage Patanjali préconise de maîtriser ces aspects avant de s’aventurer sur le tapis, et de les continuer pour rendre les principes suivants efficaces.

 

3. Asana : la pratique des postures

 

Maintenant, passons à la troisième branche ; la pratique corporelle. Dans la tradition yogique, le corps est le temple de l’âme, et c’est pourquoi il est important d’en prendre soin. Les asanas permettent de dynamiser le corps et de le rendre plus souple et fort à la fois. En conséquence, la stabilité et la confiance en soi s’ installent. L’objectif est de libérer les tensions du corps aux niveaux musculaire et squelettique, et aussi au niveau des organes internes et à des niveaux plus subtiles. C’est en pratiquant avec un esprit méditatif que le corps se délie et laisse l’énergie vitale circuler librement.

 

En quoi c’est important ?

 

Au delà de libérer le corps des blocages, douleurs et dysfonctionnements, la pratique des asanas développe la discipline et la capacité à se concentrer. Ces deux habitudes sont nécessaires pour les pratiques plus subtiles qui suivent. En effet, les séquences et gestes spécifiques ont été créés pour maîtriser le corps et être prêt à rester assis pour méditer pendant des heures. Dans les Yogas Sutras de Patanjali, une asana doit être « sthirasukhasana » ce qui signifie « stable et confortable ».

 

Donc, c’est en harmonisant le corps que l’équilibre mental, émotionnel et physique s’installe.

« Focaliser sur la relaxation pendant que vous tenez l’étirement, sans se contracter ni fermer, mais en se détendant et ouvrant. Cela repose le cerveau aussi bien que le corps. »
B.K.S Iyengar dans le livre Lumière sur le yoga.

 

4. Pranayama : travail sur le souffle

Le mot Pranayama est issu de la contraction de deux mots sanskrit :

Prana : la Force, l’Énergie, la Source de Vie
Ayama : expansion (parfois traduit par « yama » contrôle)

 

Nous sommes des êtres vivants, et quelque chose nous garde en vie. Cette force vitale est retrouvée dans la tradition chinoise sous le nom de Qi ou Chi. Selon les cultures, le noms diffèrent, mais le principe reste le même. Voyez l’importance de pratiquer les asanas ? Libérer les blocages permet à cette énergie de vie de circuler librement. Maux de cou, de dos, blocages articulaires et autres douleurs sont des symptômes que les canaux sont obstrués et que l’énergie s’engorge dans ces endroits.

 

Pourquoi amplifier l’Énergie de Vie ?

Saviez-vous que le cerveau était un gros consommateur d’énergie ? Avec seulement 2 % du poids de la personne, le cerveau consomme 20 % d’énergie selon les recherches de Daniel Drubach dans « The brain explained. » . D’où l’intérêt de le garder un maximum à son rythme de croisière et éviter les surchauffes.

 

Alors imaginez quand les pensées ne sont pas claires, quand vous devez prendre des décision et que vous doutez continuellement, comment vous sentez-vous ? Pour la majorité d’entre nous, pas très bien, fatiguées, voire même des maux de tête pointent leur nez. Et ce n’est qu’une partie de l’équation !

 

Comment développer l’Énergie en Soi ?

C’est là que les pratiques de Pranayama interviennent. Le souffle est l’outil principal, car travailler la respiration d’une manière précise, influence le mental, l’amenant à l’apaisement. Comme le mental agit sur le corps, dans ce cas, lui aussi se repose.

 

Le pranayama va même plu loin, car selon la technique choisie, les effets seront spécifiques :

  • Kapalabhati : pratique énergisante pour le cerveau
  • Chandra Bhedana : la respiration lunaire qui a un effet apaisant et rafraichissant
  • Nadi Shodhana : la respiration alternée pour harmoniser

Il en existe bien d’autres, et je vous rédigerai bientôt un article sur le Pranayama.

 

« Expire le passé, inspire le présent. »

 

5. Pratyahara : rétractation des sens

 

Dans cette cinquième étape, il s’agit de déconnecter les sens des objets extérieurs ; des sons, des mots, des odeurs, des sensations,… pour se reconnecter à son intériorité. C’est comme le fait de se mettre dans une bulle. L’objectif n’est pas de s’enfermer et de fuir le monde. Au contraire, c’est de le ressentir d’une autre manière, à partir du cœur de qui nous sommes. Cette pratique soutien grandement la méditation qui intervient plus tard dans le processus. En apprenant à « éteindre » les sens, le cerveau n’est plus stimulé, le calme intérieur prend place, et il est plus facile de se concentrer.

 

C’est une technique intéressante dans le quotidien pour apprendre à se focaliser pour étudier, finir un projet,… le yoga est aussi pratique ! C’est être dans l’état de « Flow », concept exploré et défini par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi. Il a fait ses recherches dans les domaines du sport et de la musique notamment.

 

Donc pratyahara facilite l’écoute intérieure.

 

6. Dharana : concentration

Le yoga apprend à concentrer le mental. Nous avons pour habitude de nous laisser divertir par les sons, les images qui nous parviennent. Parfois même vous commencez une tâche ou un projet, et puis vous ne le terminez pas. La distraction l’a emportée ailleurs dans des contrées lointaines.

Il faut le dire, la concentration n’est pas la qualité innée du mental. Il aime se nourrir, explorer, divaguer… Il n’est pas limité et peut aller partout. Sauf que s’il prend le volant, vous ne saurez pas où il vous mènera. Apprendre à se concentrer, c’est dompter petit à petit le mental pour qu’il retrouve sa place de « servant ». Tout comme vous montez dans un taxi, c’est vous qui décidez de la destination, et au chauffeur de vous y conduire. De même, vous décidez où vous souhaitez aller, et votre mental a pour mission de vous y emmener.

Simple ? À comprendre oui, mais à pratiquer… C’est pourquoi le système du yoga prévoit des techniques simples et efficaces pour reprendre le contrôle. Souvent assimilée à la méditation, la pratique de focaliser son attention sur l’air qui entre et sort des narines, est en fait un moyen d’entraîner sa concentration.

 

En voici un échantillon:

  • Tratak : poser le regard fixe sur une flamme de bougie.
  • Concentration sur le va et vient du souffle.

 

7. Dhyana : méditation

 

La septième branche du yoga ; la méditation. Quand nous devenons complètement absorbées par l’objet de concentration, cela s’appelle la méditation. Tous les cours de méditation, sont en fait des techniques de concentration qui permettent de mener à la méditation. Car dans la méditation, nous ne faisons rien, nous sommes. La méditation arrive comme ça, sans volonté de méditer ou de ressentir quoique ce soit.

 

Cela suppose donc de se faire confiance, et d’être pleinement ancré dans le moment présent. Rapelez-vous Yamas et Niyamas plus haut… Être présent signifie avoir le corps, les émotions et le mental Ensemble, dans le même espace temps. Et non d’avoir vos pensées à hier quand vous avez eu une altercation avec une collègue, ou rencontré la personne qui vous fait vibrer. Ni d’avoir les projections dans le futur ; à ce que vous ferez ce week-end ou à ce que vous comptez manger pour la pause déjeuner… Non, rien de tout ça, mais Être là. Pleinement là.

 

Et quand cet état de méditation arrive, la pensée « oh super je médite ! » vous en fait ressortir immédiatement. Ça vous parle ?

 

8. Samadhi :réalisation de Soi

 

Venons-en à la dernière étape… Communément appelée « Béatitude » ou « Illumination »… Au moment où j’écris des lignes, je n’ai pas encore atteint l’étape ultime que Patanjali présente. Et oui, je suis une œuvre en progression ! Les expériences que j’ai eu étaient plutôt comme un état de dissolution dans la présence, un état dans lequel il n’y avait pas de limites et où l’espace d’existence n’était qu’un tout. Pour avoir écouté d’autres personnes et les Saints en Inde, il existe plusieurs types de Samadhi. Celle à laquelle Patanjali fait référence, est la connaissance pure de Soi.

 

Quand on y regarde de plus près, Samadhi ne veut pas dire rester assis sur son petit nuage car on a découvert la Vérité Ultime. Atteindre cet état, ne se résume par à s’échapper de cette existence comme et de vivre opulemment heureux pour le restant de nos jours. Non, cela veut dire « réaliser » la vie qui se passe à chaque moment devant nous, en nous, autour de nous.

 

Atteindre Samadhi c’est appréhender les situations avec un calme intérieur, sans que le mental n’en soit perturbé. Ainsi, le jugement n’a plus sa place, ni l’attachement, ni l’aversion, ni le désir non plus. Ça à l’air sympa comme vie non ? Cela dit, l’état de Samadhi n’est pas non plus un état constant, et là Patanjali l’explique bien. Tant que nous ne sommes pas complètement libérées des attachements, désirs, habitudes,… nous ne parviendrons pas à conserver cet état pour longtemps.

 

Une chose importante à se rappeler. C’est humain de vouloir répéter les expériences agréables…mais attention ne pas vouloir à tout prix atteindre quelque état que ce soit! Dune part, c’est créer un attachement supplémentaire qui est « contre-productif », et aussi, c’est aller à l’inverse de Ahimsa, la non-violence…à méditer.

 

 

 

A vous de jouer !

 

L’article propose quelques exercices de mise en place à intégrer dans le quotidien pour apporter du mieux être. Lequel choisissez-vous ?

 

Qu’avez-vous découvert de nouveau dans cet article ? qu’est-ce qui vous apporte plus de clarté ? Partagez vos commentaires, posez vos questions !

 

Au plaisir de vous lire

 

Johanna